Résumé
La mission de police aux armées remonte aux origines de la maréchaussée, ancêtre de la gendarmerie nationale. Au cours de son histoire, cette institution militaire a toujours envoyé du personnel en prévôté pour accompagner l'armée dans ses expéditions hors du territoire national. De 1963 à la fin des années 1970, des gendarmes prévôtaux servent dans presque toutes les opérations militaires extérieures centrées sur l'Afrique francophone. La guerre du Liban apporte plusieurs nouveautés par rapport au modèle prévôtal, mais les évolutions les plus significatives apparaissent après 1989 au moment du développement des OPEX en faveur de la paix au sein de coalitions internationales. Face à la diversification des missions et des mandats (ONU, OTAN et UE), de nouvelles formes d'engagements apparaissent pour les gendarmes départementaux et mobiles. Après un pic atteint au début des années 2010, les effectifs engagés diminuent car l'institution privilégie le détachement d'experts. La création du GOPEX, puis du commandement de la gendarmerie prévôtale témoignent d'une meilleure prise en compte de la dimension OPEX. Dans cet environnement où s'affirment les polices civiles et les gendarmeries du monde, le gendarme français continue à affirmer sa double nature civile et militaire lui permettant d'intervenir dans tous les stades de l'arc de crise.
Abstract
The Gendarmerie's military police role originated with its ancestor : the Maréchaussée. Throughout its history, this military institution has projected some of its personnel abroad to perform it as part of the Army's foreign expeditions. Between 1963 and the late 1970s, gendarmes served in that capacity in all overseas operations, mostly in French-speaking Africa. Wider roles emerged during operations in Lebanon at the turn of the 1980s. But the most significant turning point came after 1989, with the rise of peace support missions as part of international coalition forces. Faced with a diversity of mandates (UN, NATO, EU) and mission requirements, both territorial and mobile gendarmes had to adjust to new forms of commitment. After a peak in the early 2000s, the numbers involved dwindled as the service now favoured piecemeal commitment of experts on secondment. The setting up within the service of a group (GOPEX) dedicated to overseas operations, then of a Military Police Command, bears witness to the enhanced attention paid to missions abroad. In an environment where the role of civilian police and gendarmerie-type forces assumes greater significance the world over, French gendarmes continue to hold up their dual civilian and military vocation, one which makes them fit for action across the full spectrum of crisis types.
Mots-clés : gendarmerie ; opérations extérieures (OPEX) ; histoire ; missions ; prévôté ; contrôle des foules ; application du droit ; Nations Unies ; OTAN ; Union Européenne.
Keywords : French Gendarmerie ; overseas operations ; history ; roles ; military police ; riot control ; law enforcement ; United Nations ; NATO ; European Union.
Citation
Haberbusch, Benoît, “Aux sources de la militarité du gendarme ? L'histoire ignorée de la gendarmerie nationale dans les OPEX”, Res Militaris, revue en ligne de sciences sociales, hors-série “Gendarmerie”, novembre 2019.