Abstract
There has been a dynamic relationship of contraries in the French State's policies when it comes to promoting strategic studies : while its officials often seem willing to see them flourish, they no less often give the impression that they are unsure of how to achieve that end - or worse, reluctant at times to grant them free rein. This lack of consistency is all the more surprising as France has always exhibited daring worldwide strategic ambitions. Characterized by the practice of research institutes or government organizations, as well as by an insecure footing in academia, strategic studies are at the interface of a myriad related and overlapping disciplines (political science, law, history, economics, sociology and geography) and remain highly fragmented. Such eclecticism partly explains the problems encountered - among other factors, the ubiquity of the State, the power of networks, or the legacy of the post-Algerian War period when General de Gaulle imposed doctrinal orthodoxy. By combining a long-term historical perspective and political analysis, this article aims to review the numerous organizations, research institutes and journals involved, however indirectly, in the field of strategic studies, as well as to explain why, despite a glorious past, it still has to find its bearings.
Résumé
Il y a une dynamique des contraires dans la politique de l'État français pour promouvoir les études stratégiques : d'une part, il semble régulièrement soucieux de les développer ; de l'autre, tout aussi invariablement, il parait tâtonner pour y parvenir, voire parfois leur refuser la liberté nécessaire. Ce manque de cohérence est d'autant plus curieux que la France a toujours manifesté des ambitions stratégiques audacieuses à l'échelle mondiale. Caractérisées tant par la pratique inconstante des instituts de recherche et des organismes gouvernementaux que par une insertion problématique au sein de l'Université, les études stratégiques sont à l'interface de l'étude des guerres, de la paix et des conflits, et s'incarnent de manière hautement fragmentée dans une kyrielle de disciplines plus ou moins connexes (science politique, droit, histoire, économie, sociologie et géographie). Cet éclectisme explique pour partie les difficultés rencontrées, parmi d'autres raisons comme l'omniprésence de l'État, la puissance des réseaux, ou l'héritage du contexte de l'après-Guerre d'Algérie après que le général de Gaulle a imposé une orthodoxie doctrinale. En combinant profondeur de champ historique et analyse politique, cet article se propose de passer en revue les nombreux organismes, instituts et périodiques qui travaillent et publient, de près ou de loin, dans le domaine des études stratégiques, ainsi que d'expliquer les raisons pour lesquelles, malgré un passé brillant, ces dernières peinent à trouver leurs marques.
Keywords : France ; strategic studies ; research ; think tanks ; journals ; academia ; social science disciplines ; State dominance ; strategic thinking.
Mots-clés : France ; études stratégiques ; recherche ; think tanks ; revue ; universités ; disciplines des sciences sociales ; domination de l'état ; pensée stratégique.
Citation
Chillaud, Matthieu, “Strategic Studies in France : Plus ça Change...”, Res Militaris, an online social science journal, vol.3, n°1, Autumn/ Automne 2012.